Depuis de nombreuses années les patients suisses sont la cible de cabinets dentaires étrangers, les plus anciens en Hongrie mais plus récemment ailleurs en Europe. Cette situation est le résultat des récents progrès de l’implantologie en particulier ainsi que des moindres coûts des soins et du laboratoire.
Le fait est que ces cabinets sont demandeurs de patients solvables ayant des traitements importants à réaliser, la Suisse étant considérée à cet égard comme un marché potentiel particulièrement attractif.
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La société faitière suisse des médecins-dentistes (SSO), pourtant très attachée au libre choix du praticien, se préoccupe néanmoins de cette situation car elle estime de son devoir d’informer objectivement la population sur des risques d’une telle démarche.
Certains patients ont eu la curiosité de franchir le seuil de l’une de ces cliniques afin de connaître les propositions de traitement qu’on pouvait leur faire, pour les faire ensuite éventuellement réaliser sur place. De grosses déconvenues sont apparues, dont la presse s’est fait l’écho dans quelques cas, sachant que c’est pour ces patients déçus un aveu toujours difficile à faire.
Actuellement ces cliniques ont fait un pas de plus pour attirer leur clientèle suisse, en proposant la 1ère consultation dans des cabinets privés loués en Suisse et pour la circonstance par des praticiens étrangers, ce que notre actuelle législation permet dans un délai maximum de 3 mois, même si on peut à très juste titre s’en étonner.
Cette dernière et très séduisante démarche consiste à donner une fausse caution morale et locale à cette pratique. En effet les patients concernés ne pourront pas faire valoir, en cas d’échec de leur traitement, les droits et garanties qu’ils auraient eus en Suisse, avec les lourdes conséquences financières que cela impliquera à leur retour.
Un des inconvénients non négligeables de ces voyages hors-frontières et hors-déontologie est le risque important d’un sur-traitement (traitement au-delà du nécessaire) sous le prétexte d’une plus grande simplicité ou d’un plus long terme.
Un des risques d’insuccès de ces traitement, parmi d’autres, est lié aux temps d’attente biologiques incompressibles, la réalisation des éléments prothétiques nécessitant que l’intégration implantaire ait été dûment constatée, dans un délai moyen de 3 mois. Un seul implant déficient remet en cause toute la superstructure prothétique.
Par ailleurs on ne peut exclure que des impératifs commerciaux prennent le pas sur les impératifs médicaux, dans un domaine où le savoir-faire, le sens des responsabilités et la réputation personnelle du praticien jouent un rôle
primordial et déterminant, sans parler du suivi à long terme aussi indispensable que le traitement a été important.
La relation de confiance entre le patient et son praticien, base fondamentale de tout traitement même de peu d’importance, doit être considérée comme une priorité incontournable dans tout traitement médical ou dentaire.
La question que l’on devrait toujours se poser avant tout traitement est la suivante : vais-je confier ma denture à la personne qui est en face de moi, dont je ne sais rien, et qui m’aura probablement oublié dès mon retour en Suisse ?
On ne saurait donc finalement que recommander la plus extrême prudence à toutes les personnes tentées par un tel projet, dont le bénéfice peut apparaître évident au premier abord, mais qui pourraient avoir un jour à le regretter amèrement, comme cela s’est déjà produit.